Bielsa – LOSC : ce qu’il s’est dit à l’audience

Vendredi 12 février 2021

Article de Sandrine ARRESTIER citant Maître Benjamin CABAGNO, responsable du département Droit du Sport, pour La Voix du Nord

Les avocats du fameux coach argentin, qui conteste son licenciement pour faute grave et réclame près de 19 M€, et du club lillois se sont longuement exprimés devant les prud’hommes, ce vendredi. On saura le 2 juillet de quel côté la balance penche.

Ils ont finalement eu près d’1 h 50 chacun pour plaider. Comme attendu, les avocats de Marcelo Bielsa, qui conteste son licenciement pour faute grave, en décembre 2017, cinq mois seulement après son arrivée, et du LOSC ont argumenté sur la nature du pré-contrat signé le 14 février 2017 et sur la notion de faute grave, imputée par le club nordiste au coach argentin.

Que vaut ce pré-contrat, qui prévoyait une « clause parachute », lui assurant le versement de l’intégralité des salaires restant en cas de rupture anticipée du contrat de deux ans, quelle qu’en soit la raison, par rapport au contrat signé le 1er juillet 2017 ? La question est centrale ; le second, homologué par la Ligue (LFP), ne comporte pas ce parachute doré…

C’est dans ce cadre que Marcelo Bielsa réclame près de 19 M€  : 12,9 M€ de salaires (brut) et 6 M€ pour les divers préjudices.

Pour Benjamin Cabagno, l’avocat de l’entraîneur argentin, qui a pris la parole en premier, « le pré-contrat est là, on ne peut pas y échapper. Il n’a pas à être soumis à homologation. Il n’y a pas deux contrats, mais un pré-contrat (qui vaut promesse d’embauche) et un contrat complémentaires. Ils vont ensemble, s’emboîtent. Il n’est pas provisoire.  »

Bertrand Wambeke soutient lui que « ce pré-contrat était un pré-accord pour dire que, par la suite, on va conclure un vrai contrat de travail. La preuve, c’est qu’il a été divisé en cinq, il concernait Marcelo Bielsa et quatre adjoints et quand il s’est agi de signer les vrais contrats pour commencer à travailler en juillet 2017, nous avons signé cinq contrats. Ce qui prouve bien que le premier n’en était pas un. Une fois qu’on applique le deuxième contrat, il faut faire la démonstration de la faute grave, elle existe : on est en présence d’une insubordination caractérisée, le refus de respecter les consignes données par le club. »

Licenciement vexatoire ?

Pour Me Cabagno, la faute grave est infondée. « À l’employeur en faire la démonstration. Il n’y a rien dans le dossier. 96 pages, 3 ans de procédure et pas un seul témoignage de salarié hormis les accusateurs, pour preuve objective et matérielle. » Il voit dans ce renvoi des motifs d’organisation (le rôle de Campos), économiques et le défaut de résultats, rappelant au passage la jurisprudence : les entraîneurs pros n’ont pas d’obligation de résultats mais de moyens.

Il considère en outre que son client a été humilié. Marcelo Bielsa, qui a pu prendre la parole en visioconférence depuis Leeds, en Angleterre, où il coache désormais, s’est lui-même posé en victime de « harcèlement ». « C’est l’orchestration d’un licenciement pour faute grave, argue encore l’avocat parisien. On a monté un licenciement, c’est un cas d’école du licenciement vexatoire ». Qui ouvre à des indemnités supplémentaires.

Les conseillers prud’homaux rendront leur décision le 2 juillet : ils ne jugent que sur pièces.